Quelques idées pour une nouvelle politique Internet en Tunisie

Le hasard fait bien les choses, l’idée de blogger à propos de internet policy était présente depuis l’année dernière mais c’est enfin aujourd’hui que je vais commencer a poster et quoi de mieux que de parler du cas de la Tunisie. Je vais essayer ici d’énumérer quelques idées (pas tres révolutionnaires) mais qui sont déjà appliqués ou en cours d’applications dans certains pays. De plus,  je en parlerai a partir de mon expérience comme participant a l’IGF (Internet Governance Forum ) et  a l’ICANN et j’espère continuer dans un prochain post et les développer en détails:

  1. Repenser le réseau Internet Tunisien: l’infrastructure et le réseau Tunisien a été conçu dans une logique de contrôle et de centralisation en empêchant les FAI d’avoir leur points de connexion internationaux et de passer nécessairement a travers l’ATI (hormis les autres fournisseurs d’accès publiques). C’est a contraire du bon sens et les “raisons” qui ont été derrière ça n’existent plus ou plutôt sont en train de devenir caduque. Il faut nécessairement décentraliser et ne pas avoir ce single point of failure très dangereux pour la sécurité et la stabilité de tout le réseau. de plus il faut encourager le maximum de peering. En un mot, il faut revoir le rôle de l’ATI  et arrêter de la diaboliser.

  2. Le Multistakeholder model ou modèle participatif: l’ironie est que ce modele a connu son vraie essor des le SMSI organisé en Tunisie en 2005 pour une gouvernance d’internet impliquant toutes les parties prenantes comme les gouvernements (et organisations intergouvernementales) , secteur privée,       société civile, communauté technique d’internet (opérateurs, IXP, registries etc). Ce modèle permettant une vraie consultation de tous les acteurs et evitant la prédominance d’un groupe dans la prise de décision. C’est un modèle qui devrait être appliquée en Tunisie (la Tunisie a accepté l’agenda de Tunis du SMSI ) a travers des consultations régulières incluant tous les acteurs et spécialement la société civile, créer des conseil d’administrations avec des représentants de ces acteurs ou encore mieux créer une internet steering committee selon le modèle brésilien en l’améliorant avec une représentation équilibré de tous les acteurs du net et une vraie approche bottom-up dans le prise de décision.

  3. Représentation internationale de la Tunisie:  Pour la gouvernance d’Internet  l’IGF reste le forum adéquat pour les discussion sur le présent et le futur d’internet, la participation Tunisienne n’est pas vraiment visible et je conseillerai le secrétaire d’état au TIC de participer a la prochaine édition a Nairobi. De plus, la Tunisie traine une certaine mauvaise image spécialement dans les participants de beaucoup de pays de la société civile vu les incidents des réunions prepcoms (avant le SMSI) et durant le SMSI. La Tunisie peut y remédier en participant activement au groupe de travail CSTD destiné a travailler sur l’avenir de l’IGF et d’eviter de s’aligner sur les positions de pays comme l’inde ou la chine qui pousse a un contrôle gouvernementale sur Internet au lieu d’un vraie modèle participatif. L’exemple Tunisien de contrôle d’Internet  sous l’ancien regime a montre le défaillance de ce modèle. Je conseillerai aussi une présence Tunisienne plus importante  a  l’ICANN et specialement avoir un represantant gouvernemental au GAC, la prochaine réunion aura lieu mars prochain et je conseillerai vivement au secrétaire d’état d’y être.

  4. Censure doit etre levée: oui la censure a ete levée mais pas en ca totalite. La discussion portant sur le contenu pornographie est un vrai faux débat. En effet, ça permet le maintien d’une infrastructure de filtrage Internet tant décrié pendant des années, et le fait que ca soit encore fait par une autorité administrative est erronée. Seule la justice peut décider de bloquer un site ou pas et faudra déjà définir les criteres qui sont très vagues et permettent beaucoup d’interprétations. ce qui me choque le plus, c’est l’explication du monsieur le secrétaire d’état qui mentionne comme exemple les pays développés car ca releve d’une certaine méconnaissance de la vraie situation dans ces pays. Oui un pays comme l’Australie a décidé de l’appliquer contre la pédopornographie en créant une liste non contrôlé et secrète mais les abus sont vites arrives. certains pays comme l’Italie applique ca en envoyant une liste aux FAIs pour faire du DNS-poisoning et le Japon laisse les FAIs appliquent ca sur la base de la volontariat. Mais tout ca releve du cas spécifique de la pédopornographie et certains associations de protection d’enfance pensent que c’est une fausse bonne idée et rien ne démontre leur efficacité. Si on veut proteger nos enfants du contenu “non désirable”,  il faut plutôt encourager les parents a jouer leur rôle de supervision au lieu de déléguer ca, travaillons sur l’éducation plutot que sur la repression. Il faut plutôt responsabiliser les utilisateurs et les laisser decider avec leur libre arbitre que de les traiter comme des mineurs.

  5. Libéraliser le domaine .tn et .تونس : il faut se rendre a l’évidence que le .tn n’a jamais réussi décoller en Tunisie (moins de 10000 nom de domaines) alors que la demande y est certainement. Ceci est du aux protections très strictes pour les trademark  et la réglementation pour l’acquisition de noms de domaines (c’est en cours de changement), il faut libéraliser et ne plus restreindre l’accès aux nom de domaines pour les tunisiens spécialement les personnes physiques. En plus, il faudra lever  les contraintes comme le nécessité d’héberger en Tunisie pour pouvoir demander un domaine sous .tn. Ca créera une vraie activité de registrar pour nos FAIs mais aussi pour d’autres entreprises tunisiennes qui pourront aussi chercher a être des registrars accrédites ICANN. De plus, le lancement du IDN .تونس  est une opportunité non négligeable pour relancer le secteur et encourager le contenu en langue arabe.

  6. Déploiement du IPv6: il faut accélérer le processus de déploiement du IPv6 et surtout encourager les FAI de l’adopter mais aussi aider les entreprises dans leurs transitions.

  7. Accès au haut débit:  faut augmenter le taux de pénétration au haut débit dans les régions tunisiennes en abaissant les prix mais aussi a créer plus de compétitions et libéraliser le marche. Faut aussi revoir le modèle économique des publinets.

  8. Neutralité du Net: la discussion a déjà commencé sous l’égide del’autorité de régulation avec les opérateurs télécoms mobiles qui vu leur positions dominantes et l’absence de consultation publique peuvent être a l’encontre des intérêts des utilisateurs d’internet.

  9. Protection des données privées: malgré la présence de loi pour la protection des données personnelles, elle est peu appliquée et la protection de la vie privée reste au deçà des standards internationaux, La Tunisie pourrait s’inspirer le modèle de l’UE pour la protection de la vie privée

Ce sont juste quelques idées a développer et a discuter, la réforme de l’internet policy en Tunisie n’est qu’un des chantier a entreprendre et permettra enfin aux tunisiens de jouir de pleins potentielles d’internet sur toues les aspects: social, économique etc. Quelques livres conseillés: Ce sont quelques livres qui donnent une vision globale sur la gouvernance d’internet et ses enjeux.

ps: veuillez excuser les possibles erreurs, pas très évidents d’utiliser un clavier qwerty pour écrire en français

~ by rafikdammak on 2011/02/06.

3 Responses to “Quelques idées pour une nouvelle politique Internet en Tunisie”

  1. Je te rejoins sur plein des points évoqués, mais je crois que la
    valeur ajoutée de ma réponse doit résider dans les points de
    désaccords. Par manque de temps, je ne pourrai pas tout aborder, ni
    développer, je vais passer en revue l’ensemble des paragraphes
    numérotés, avec des commentaires de taille variable 🙂

    1) OK

    2) + 3) OK, mais tu oublies gravement de citer les acteurs de la
    standardisation (IETF, W3C…) et de coordination (RIR, *TLD…)
    technique. Je dis que c’est grave, pas pour toi car je sais ce que
    c’est et je connais ton soutien à ce genre d’acteurs, mais par rapport
    à ce que Sami Zaoui ou d’autres responsables tunisiens peuvent tirer
    comme conclusion… Attention, même si la Tunisie a été absente de
    l’IGF et de l’ICANN, sa participation à d’autres organismes
    internationaiux suivait plutôt la politique de la vitrine (“3andikchi
    3andi”, si tu vois ce que je veux dire). Donc, ton message risque
    d’être interprété comme “allons occuper d’autres vitrines”, s’il n’est
    pas accompagné d’un autre message invitant la Tunisie à rejoindre la
    communauté qui développe l’Internet, en passant tout d’abord par sa
    maîtrise (et non uniquement de la consommation de produits et de
    standards technologiques sur l’étagère). À ta disposition pour
    développer ce point, mais tu ne peux pas l’oublier/omettre juste parce que tu n’évolues pas dans le milieu technique :-))))

    4) Sujet trop polémique, je ne vais pas me risquer dans un
    développement à ce stade. Ce que je dis c’est que les prétextes
    utilisés pour mettre en place à la HADOPI et LOPPSI et leur équivalent
    dans le monde a une arrière-pensée malsaine et manipulatrice de l’opinion. Il faut exiger la
    transparence et une coopération multi-acteurs pour
    arriver à de bonnes solutions pour contrer les vrais problèmes. En
    l’occurrence, je reste persuadé que la solution la plus efficace pour
    lutter contre les sites hébergeant des contenus jugés illégaux (justice), consiste à faire des
    takedown local ou à engager avec une coopération internationale à cet effet. Si seulement les pays coopéraient vraiment dans le bon sens…

    5 – 9) Plus que d’accord. Il faut maîtriser les nouvelles technologies, du plus en
    amont (spécification, conception standardisation) au plus en aval
    (déploiement, exploitation). La Tunisie, mais les PVD en règle
    générale ont perdu pas mal de temps à se battre sur l’accès aux
    ressources IP, arrivés un peu après la bataille. Plus particulèrement, avec IPv6, il ne faut
    plus se tromper de combat : l’espace IPv6 est suffisamment abondant
    pour ne pas tomber dans le piège de certains organismes qui sont en
    quête de légitimité, qui manipulent et qui présentent les enjeux
    d’IPv6 comme si c’était uniquement ceux liés à la distribution
    “équitable” des blocs d’adresses IPv6. Les vrais enjeux d’IPv6, au
    contraire sont liés à la manière dont les PVD devraient en tirer parti
    pour stimuler l’innovation et rentrer de plain pied dans l’ère
    numérique, en tant qu’acteur producteur et non en tant que figurant
    consommateur.

  2. Bonjour,

    J’ai répondu à votre contribution “Quelques idées pour une nouvelle
    politique Internet en Tunisie”, je partage tout à fait votre point de vu
    auquel j’ajouterai celui d’une approche globale centrée sur l’utilisateur,
    telle qu’elle a été évoquée au
    SMSI,
    que je nomme la “Cyber Identité” dans un ouvrage collectif sur “Mythes et
    légendes des TIC”et
    pour laquelle j’aimerai avoir votre point de vu.
    Vous trouverez des éléments sur ce sujet dans la “Charte pour un réseau de
    confiance Numérique ” et
    sur les sites CapucineID et
    Blog de Capucine .

    Il s’agit d’une innovation de rupture difficile à faire comprendre et que
    nous nous efforçons de mettre en oeuvre dans le déploiement du Web 2.0 dans
    les collectivités territoriales en France avant d’attaquer l’Europe et
    pourquoi pas l’Afrique, la Tunisie et l’Egypte sont des opportunités pour
    faire cette révolution.

    Nous communiquons avec l’artiste Fred Forest a partir du metaverse Second
    Life depuis 2007 sur ce
    sujet et nous allons participer à la fête de l’internet
    2011
    avec
    une manifestation à Nice.
    Nous travaillons également avec une doctorante Tunisienne qui fait
    une Thèse sur Fred Forest à partir de Second Life et anime “l’Union
    Artistique pour la
    Méditerranée”

    Si vous voyez des opportunités de communiquer ou d’action en relation avec
    IGF voir l’ISOC dont je suis
    – Masquer le texte des messages précédents –
    membre n’hésitez pas à me contacter.

    Bien cordialement
    Philippe Vacheyrout
    Pdt Capucine.net

  3. […] av Tunisien fortsätter och Rafik Dammak (numera MSc i trådlösa sensorer!!) har skrivit ned ett antal förslag på framtida nätregleringspolicys baserade på sina erfarenheter från internationella diskussioner kring internetreglering: […]

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